Interdire la distribution des imprimés publicitaires non adressés dans les boîtes aux lettres est l’une des 150 mesures issues du projet de loi Climat et Résilience, visant à atteindre une baisse d’au moins 40 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030. Le Oui Pub obligatoire pour recevoir la pub est une fausse bonne idée qui, à terme, menace de nombreux emplois. Décryptage.
La grande distribution produit de nombreux tracts promotionnels qui sont lus, sinon ils ne seraient plus distribués. L’imprimé publicitaire demeure très utilisé en raison de son efficacité, notamment grâce aux possibilités créatives et de ciblage, pour informer et créer du trafic. Sans publicité dans la boîte aux lettres des ménages, le ciblage local est perdu. Les coupons de réduction et promotions sont très importants pour nombre de Français soucieux d’acheter aux meilleures conditions.
Une publicité exclusivement numérique, télévisuelle ou radiophonique deviendrait même un facteur d’exclusion supplémentaire. De plus, le numérique, paradoxalement, est une source très importante de pollution et les conséquences du développement des publicités numériques seront nombreuses sur l’environnement.
Pas d’impact sur les bois et forêts
Comme le rappelle régulièrement notre secteur CFTC Media+ du Papier Carton, le papier utilisé pour les publicités provient à 84% de forêts renouvelables en Europe.
L’industrie papetière n’est pas responsable du déboisement intensif des forêts primaires d’Afrique, d’Amérique du Sud ou d’Asie.
En outre, depuis 20 ans, la filière papier a fortement investi dans des procédés industriels innovants, respectueux de la santé et de l’environnement, réduisant les rejets dans l’eau de 80%, les émissions de gaz carbonique de 50% par tonne produite et la consommation d’énergie de plus de 30%.
Exploitée convenablement, la forêt apporte une réponse efficace au problème de la captation des gaz à effet de serre. Aujourd’hui, 90 % du papier distribué dans les boîtes aux lettres est produit à partir d’une matière issue de recyclage.
Début du Oui Pub le 1er septembre 2022
Au lieu de réguler fortement la publicité papier, comme le demandait la convention citoyenne, le gouvernement a décidé une expérimentation dans plusieurs zones, sur la base du volontariat en affichant Oui Pub sur les boîtes aux lettres.
Cette expérimentation commencera le 1er septembre 2022.
Les collectivités retenues communiqueront sur le dispositif pendant trois mois et devront fournir aux habitants les autocollants Oui Pub. L’interdiction de distribuer des imprimés publicitaires dans les boîtes aux lettres n’affichant pas l’autocollant Oui Pub entrera en vigueur jusqu’au 31 mars 2025. Il est fort probable que peu de gens inscriront Oui Pub sur leur boîte aux lettres, du moins au début. En conséquence, les opérateurs ne verront plus l’intérêt à distribuer sur les zones expérimentales.
Des menaces pour l’emploi
Dans les entreprises qui distribuent ces publicités, les conséquences sur l’emploi sont déjà visibles. Chez
Mediapost, la distribution sur les zones concernées par l’expérimentation est déjà suspendue provisoirement. Douze plateformes sont impactées et 300 emplois menacés. Une négociation avec les organisations syndicales est en cours pour définir des mesures d’accompagnement.
L’entreprise engage des campagnes de communication vers les opérateurs, vers les collectivités et vers la population. Un recensement des boîtes affichant Oui Pub et des outils pour en suivre l’évolution sont prévus. La distribution reprendra uniquement si le taux de boîte affichant Oui Pub en assure la rentabilité.
La CFTC Mediapost demeure mobilisée et vigilante, veillant à ce que les conséquences du Oui Pub sur l’emploi soient traitées convenablement afin qu’aucun salarié ne soit laissé au bord du chemin.
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