L’édito d’Anne Chatain pour le Lien Syndical n°326
Nous sommes tous sous le choc de l’invasion militaire de Vladimir Poutine en Ukraine. Cette agression, condamnée unanimement par les organisations syndicales, aura des conséquences lourdes avant tout pour les Ukrainiens, mais aussi pour leurs voisins qui les accueillent et peuvent à leur tour être menacés.
Nous nous devons d’appeler à la solidarité la plus active. Il faut saluer les actions rapides et concertées de l’Union Européenne et des pays membres de l’Alliance Atlantique.
Les sanctions européennes lourdes contre la Russie, énorme fournisseur d’énergie, mais aussi la destruction des capacités du premier producteur de blé d’Europe, n’ont pas terminé de nous impacter. Plusieurs entreprises de nos secteurs, présentes en Ukraine et/ou en Russie vont prendre des dispositions pour leurs salariés locaux et anticiper les baisses de leurs débouchés sur ces marchés. C’est peut-être, pour elles, le moment de s’interroger sur la délocalisation tous azimuts de leurs services, comme il convient de se poser la question de l’implantation des sociétés audiovisuelles et d’information russes sur le territoire de l’Union Européenne.
À l’heure où l’une de nos préoccupations fédérales essentielles est centrée sur le pouvoir d’achat de nos collègues et retraités de nos secteurs, nous pouvons d’ores et déjà envisager une hausse de prix des matières premières agricoles et des denrées de base, ainsi que de l’énergie, dont les prix ont déjà fortement augmenté au cours du premier trimestre.
Alors que de nombreux salariés peinent à boucler leurs fins de mois, les NAO (négociations annuelles obligatoires) ne répondent pas aux attentes, d’autant plus que les tendances inflationnistes vont se poursuivre.
Quant aux investissements consacrés à la transition digitale et climatique, dont nous avons grandement besoin et qui devraient déboucher sur des formations et des reconversions dans des métiers plus porteurs de sens et de débouchés, ils ne sont pas encore à la hauteur des besoins. Et conduisent, paradoxalement, dans le même temps à la pénurie de main d’œuvre sur le marché.
Pour la CFTC, cela relance les revendications sur le partage de la valeur créée par les entreprises afin que celle-ci circule davantage et qu’elle contribue, en retour, au dynamisme de l’économie française. En relançant la consommation des ménages tout comme la production…
Dans notre pays, se joue aussi une crise démocratique. Nos secteurs de l’audiovisuel et de l’édition connaissent une redistribution des cartes et une concentration sans précédent des médias. Non seulement l’emploi dans ces entreprises risque d’en souffrir, mais l’inquiétude porte aussi sur l’accès même à l’information. L’exemple le plus frappant est celui de l’empire médiatique Bolloré. Avec des organes de presse, de télévision, de radio, des agences de communication, de sondages et des maisons d’éditions, au service des positions du magnat, comment va évoluer la liberté de la presse et du droit d’informer ? L’information pourra-t-elle rester objective et honnête ? Nos élus CFTC s’opposent actuellement à ces rapprochements dangereux pour la liberté d’informer.
De même, le premier bilan tiré par le Comité d’Evaluation des Ordonnances Travail met en évidence une réorganisation complète du dialogue social avec la mise en place des CSE (comité social et économique), qui pèse sur les relations de proximité, les accords et les contentieux. Selon certains membres du Comité, cette réorganisation pourrait mener à une forte abstention aux élections professionnelles.
Soucieuse de toujours nous améliorer et de répondre au mieux à vos besoins et vos attentes, la CFTC a pris des initiatives, plus légères, mais porteuses de sens et d’ambitions.
Dans ce nouveau journal, nous vous présentons notre nouveau logo, notre bilan de la communication fédérale digitale, une interview de Cécile Guillaume au sujet de son étude sur les femmes dans le syndicalisme et, bien sûr, le plan de formation annuel.
Je mets aussi l’accent sur notre invitation aux deux forums organisés cette année par la Fédération. Le premier se tiendra le 2 juin sur “Les nouvelles formes de travail et la protection des salariés”, le deuxième le 4 octobre sur “La formation professionnelle continue et la reconversion”. De nombreux spécialistes sur ces domaines y participent et apporteront des réponses pratiques. Des événements qui sont au cœur de vos préoccupations et qui nous permettrons, enfin, de nous retrouver. Nous vous y attendons nombreux.
« Il est entre vos mains de créer un monde meilleur pour tous ceux qui y vivent » déclarait Nelson Mandela. Une phrase dont nous partageons le sens et la philosophie à la CFTC. Alors bonne lecture de ce nouveau Lien pour construire nous aussi un “monde meilleur” dans l’univers professionnel.
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