La CFTC Media+ a organisé une journée débat sur le thème de la souffrance au travail le 25 novembre 2021 à Paris. Plusieurs spécialistes étaient présents pour expliquer les mécanismes qui conduisent à ce mal-être individuel ou collectif et, surtout, pour apporter des conseils pour casser ce schéma délétère, le stopper. Il a aussi été question des moyens pour soutenir et orienter vers les solutions adéquates les personnes victimes de harcèlement ou en grave désarroi professionnel. Une journée intense émotionnellement et très instructive.
« Une journée pour souffler un peu », c’était l’injonction de Marie Pezé, psychiatre et fondatrice du réseau national Souffrance et Travail, lors de ce forum consacré, justement, à la souffrance au travail.
Le programme dense, les échanges nombreux et instructifs ont permis de lutter contre quelques idées reçues, de rétablir certaines vérités et de bien ou mieux comprendre ce que signifie la souffrance au travail.
En plus de Marie Pezé, qui a fondé ce réseau national en 1987, Maître Rachel Saada, avocate en droit du travail, et Jean-Louis Osvath, ancien inspecteur du travail, ont participé à ce débat avec les très nombreux adhérents CFTC présents.
Marie Pezé alerte sur les dangers des accords de Qualité de Vie “au” Travail qui masquent souvent la réelle nécessité de qualité “du” travail. Comment agir en cas de souffrance ? Faire du bruit et dénoncer la situation, informer les élus qui peuvent lancer une alerte pour risque grave et orienter les personnes vers les spécialistes médicaux du Réseau Souffrance et Travail.
Cadre juridique et harcèlement moral
Quant à Maître Rachel Saada et Jean-Louis Osvath, ils ont abordé ce sujet en rappelant les règles du cadre juridique autour du harcèlement moral et les outils existants pour le contrer. Qualifié par le terme “ d’agissements ” dans l’article L1152-1 du Code du Travail et par celui de “comportement” dans l’article L222-3 du Code Pénal, le harcèlement moral est répréhensible. Comme pour la discrimination syndicale ou salariale, la charge de la preuve est partiellement inversée : le salarié doit présenter des faits laissant supposer un harcèlement et l’employeur doit, quant à lui, apporter un motif légitime (c’est-à-dire étranger à un harcèlement).
L’ennemi en la matière, c’est bien la psychologisation des relations de travail. La dérive fréquente des témoignages type « Il était fragile à titre personnel » doit être combattue par l’établissement des faits et une objectivation de la réalité.
D’ailleurs, à la fin de cette journée, Kikka, auteur du livre Je ne te pensais pas si fragile paru aux éditions Eyrolles, est venue parler du harcèlement moral qu’elle a subi et du burn-out qui s’en est suivi. Mais surtout, elle a expliqué son parcours de résilience et sa renaissance, de quoi clôturer cette journée sur un sujet difficile par une note d’espoir. Il est important de faire savoir qu’avec l’aide des représentants syndicaux et de spécialistes, avec des outils appropriés, on peut s’extraire de situations pathogènes et de la souffrance qu’elles engendrent.
Ces interventions ont trouvé un écho très fort dans les témoignages des participants au Forum.
Retrouvez les supports de cette journée sur le site fédéral www.cftcmediaplus.fr Et pour aller plus loin : le site Souffrance et Travail : www.souffrance-et-travail.com Et les livres de Marie Pezé, Rachel Saada, Christophe Dejours (voir notre numéro 321 du Lien de janvier 2020) et nos vidéos de Maître Rachel Saada sur notre chaîne Youtube (https://www.youtube.com/watch?v=5D-2b1DAppo)
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